Des problèmes gynécologiques à la souffrance psychique, quels liens possibles ?
Quand les problèmes gynécologiques de la femme empêchent de travailler
Ouarda Ferlicot
À Nanterre, le 25 mai 2022.
L’article du quotidien Le Monde du 20 mai 2022 intitulé : « Premières expérimentations du congé menstruel en France : un bilan mitigé » fait état de deux entreprises en France qui ont décidé d’offrir une journée aux salariées souffrantes de leurs menstruations. Un congé qui est intégralement payé par l’entreprise.
Le constat est le suivant, si de nombreuses femmes souffrent de leurs menstrues, elles sont peu à en parler et dans les deux entreprises expérimentatrices du congé très peu de salariés utilisent ce congé.
Pour Thomas Deveau de l’entreprise Louis Design, « une salariée trop malade pour travailler a forcément un impact sur toute notre organisation ».
Pourtant, si une personne est « trop malade » pour travailler, il existe un dispositif médical qui consiste à aller voir son médecin et qui peut si nécessaire proposer un arrêt de travail.
Un autre point de vue sur cette question du coût est celui de Bruno Salas-Perez, le responsable administratif de la coopérative La Collective qui dit à propos du congé menstruel : « ça a un coût, c’est une perte de productivité pour l’entreprise » et ajoute que la non-attestation par le médecin des douleurs « crée de la suspicion ».
Quant à la proposition de l’avocate M ͤ Camille Pradel, elle s’interroge sur la préservation de l’intimité des personnes dont les éléments relèvent du secret médical qu’un arrêt-maladie par un médecin permettrait de protéger.
Intérêt de travailler avec le psychanalyste en cas de dysménorrhées
À aucun moment ne sont évoquées les raisons pour lesquelles certaines femmes ont des douleurs si vives qu’elles soient obligées d’arrêter de travailler ou de prendre des antidouleurs pour supporter cette période qui, comme le rappelle l’article, revient de manière cyclique tous les mois.
Si une femme se sent empêchée par une dysménorrhée, il est important qu’elle puisse d’abord en parler avec son gynécologue dont les visites annuelles font partie de la prévention de la santé d’une femme mais également qu’elle puisse se mettre en relation avec un psychothérapeute ou un psychanalyste afin de commencer une psychothérapie, le lieu où l’on parle son intimité.
Dans un article intitulé « La composante psychiatrique en gynécologie », la psychanalyste Hélène Deutsch écrit : « de nombreuses observations psychologiques ont démontré de manière probante que chaque type déterminé de trouble menstruel a une étiologie psychologique précise et qu’on peut réussir à le traiter psychologiquement. »[1] Elle ajoute que ce sont des « mécanismes psychologiques plus profonds qui sont responsables des douleurs pendant les règles »[2].
Ces mécanismes, une femme peut les explorer au sein du cabinet du psychanalyste grâce à la méthode psychanalytique qui permet de verbaliser et mettre en mot cette douleur dans une logique du cas par cas. Car toutes les femmes ne souffrent pas de dysménorrhées d’où l’importance que le médecin et le gynécologue travaillent avec le psychanalyste afin qu'une prise en compte de la dimension psychique de ses symptômes puisse avoir lieu.
Autrement dit, avant de proposer à une femme de s’arrêter de son travail, il paraît nécessaire de lui proposer de rencontrer un psychothérapeute ou un psychanalyste.
Pour en savoir davantage sur la façon dont le gynécologue et psychanalyste peuvent travailler ensemble, rendez-vous le 11 juin prochain à Paris lors de la journée d’étude organisée par le Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital (RPH) intitulée « Psychanalyse, gynécologie et maternité ».