
L'intérêt d'une psychanalyse en cas d'addiction
Les sources étymologiques d’addiction
L’étymologie d’addiction nous éclaire quant à ce qui se joue pour la personne qui en souffre. Le terme d’addiction est dérivé du latin addictus qui signifie, esclave pour dette et de addīcō qui signifie, dire pour, approuver, être favorable, donner un juge et une formule, déclarer le droit, confirmer la volonté des parties, mais aussi adjuger : aliquem alicui, adjuger qqn à qqn, la personne du débiteur au créancier.
L’étymologie du terme addiction rend compte de cette relation spécifique, une relation esclavagiste au produit ou à la situation addictive.
La relation esclavagiste de la personne addict à son produit
Le patient qui souffre d’addiction s’enchaîne à un produit, à une situation dont il ne peut se défaire que rarement seul. S’il sollicite l’aide d’un psychanalyste parce qu’il souffre et les conséquences sur sa vie prennent de l’ampleur, il est rapidement confronté à l’incompatibilité entre l’addiction et la cure psychanalytique.
Si nous prenons le cas de l’addiction au cannabis, devant la difficulté à se séparer du produit, certains le choisissent au traitement psychothérapeutique. Pourtant, les patients décrivent régulièrement la situation dans laquelle ils s’enlisent : ils ne ressentent plus rien, n’ont envie de rien faire, ils sont anesthésiés psychiquement et ne rêvent plus. Le désir est mis en suspens.
Le cannabis donne l’illusion d’un mieux-être, d’un mieux dormir, alors qu’il ne fait que masquer et voiler la souffrance psychique, les affects et la dépendance dans laquelle le patient s’enferme. Il n’y a pas de construction possible d’une existence viable en sous l’effet d’un voile de paradis artificiel.
Les effets d’une cure psychanalytique en cas d’addiction
La cure psychanalytique produit des effets d’apaisement, car elle oblige l’être à rencontrer ses angoisses, ses traumatismes, ses blessures psychiques pour les surmonter. Cette rencontre peut se faire parce que le patient s’engage avec la parole, et non avec un créancier imaginaire à qui il paie sa dette. En psychothérapie ou en psychanalyse, c’est avec la parole, celle des associations qu’il paie sa dette symbolique en prenant appui sur le grand Autre barré, le trésor des signifiants marqué de la barre de l’incomplétude.
La difficulté clinique provient du fait que l’être addict ne fait pas appel au grand Autre, celui du langage, mais bouche son appel par son addiction. Autrement dit, il est difficile pour quelqu’un qui souffre d’addiction de demander de l’aide.
Pour cela, il doit accepter que la faille qu’il rencontre ne soit pas immédiatement boucher par son addiction mais puisse être adressée un quelqu’un qui l’écoute. Cette possibilité de parole à un psychanalyste permet une nouvelle voie pour la pulsion et peut permettre l’abandon de l’objet de l’addiction. Cela implique pour le patient de rencontrer l’angoisse, celle de la perte. Comme l’écrit Rodolphe Adam[1], l’addiction n’est que « le nom moderne de la jouissance dans sa face de tonneau des Danaïdes, un nom pour dire le secret du mot encore »[2].
Au cours d’une psychothérapie ou d’une psychanalyse, le travail du psychanalyste permettra, si l’être y consent, à faire de cette répétition de la conduite addictive, un symptôme. Ce symptôme permet l’abord des questions subjectives. Qu’est-ce que cette conduite addictive vient voiler ? Quel est le Réel auquel le sujet est confronté et qu’il évite ?
Cela est crucial pour pouvoir avancer, construire une relation authentique avec l’autre, s’inscrire véritablement dans une vie éthique par le paiement symbolique et en soldant sa dette imaginaire.
[1] Membre de l’École de la cause freudienne
[2]Adam, R. « Psychanalyse, addictions, addictologie : tour d’horizon », 2016, consulté le 26 février 2025, https://www.lacan-universite.fr/wp-content/uploads/2016/12/5_RAm.pdf
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