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Du pas de lit en psychiatrie à il y a le téléphone en cas d’urgence


Le dispositif téléphonique pour faire face à l'urgence psychique et psychiatrique

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Quand j’ai démarré ma pratique clinique en libéral, j’ai participé à la prise en charge des appels d’urgence via le SÉTU?, le Service d’Écoute Téléphonique d’Urgence, créé et mis en place par le docteur Fernando de Amorim, psychanalyste, et président de l’association Réseau pour la Psychanalyse à l’Hôpital-École de Psychanalyse.

Le SÉTU? est constitué de quelques cliniciens, psychothérapeutes et psychanalystes, membre de l’association RPH-École de Psychanalyse, qui reçoivent les appels des personnes en souffrance 24h/24h et 7j./7j., selon une permanence établie. La visée reste celle de construire un pont entre cet appel de détresse et le commencement d’une psychothérapie voire d’une psychanalyse.

S’il y a une chose que je retiens de cette pratique du SÉTU? c’est que l’urgence se définit comme ce qui ne peut attendre. Pour cette raison, elle doit être traitée comme telle.

L’urgence est un moment éminemment précieux, charnière, car il est un moment d’ouverture subjective, qu’il faut savoir saisir. Et cela s’apprend.

D’abord, par sa psychanalyse personnelle. La façon dont je traite les urgences est directement issue de ma propre psychanalyse et des bienfaits d’avoir pu bénéficier de cette écoute dans les moments où j’ai pu me trouver en détresse dans ma cure. Puis, il y a la formation théorico-clinique qui passe par la lecture des œuvres complètes de Sigmund Freud et de Jacques Lacan, mais également les écrits des aliénistes franco‑allemands. Enfin, il y a les supervisons et les contrôles, où il s’agit de rendre compte d’une question, d’une difficulté ou d’un embarras clinique avec la possibilité de formaliser une invention, une technique, ou de dégager la construction d’un savoir nouveau.

C’est cet ensemble d’éléments qui forge un clinicien et qui lui permet de soutenir une pratique rigoureuse, qui produit des effets thérapeutiques incontestables et qui rend un immense service aux patients en détresse, mais aussi à la société.

Il y a quelque temps, une patiente m’appelle, je lui demande ce qui la fait souffrir, elle répond « Je me sens amputée des deux bras et parfois des deux jambes ». Sans hésiter, je lui réponds : « Venez tout de suite ». Cette patiente commencera par la suite une psychothérapie et témoignera au cours des séances d’un vécu corporel de morcellement qui lui rend impossible la possibilité de travailler. Saisir l’urgence dans les paroles prononcée, fait partie de la formation clinique du clinicien qui s’appuie sur l’enseignement freudo-lacanien.

Dans une autre situation, un patient m’appelle, car il dit avoir besoin d’aide. Je lui propose alors un rendez-vous dans la journée. Il m’indique qu’il ne sort pas de chez lui et qu’il pense mettre fin à ses jours. Les circonstances m’amènent à lui proposer une séance par téléphone. Il m’indique alors avoir été aux urgences la veille, pris par l’angoisse et avec des idées suicidaires. Il n’a pas pu être hospitalisé par manque de lit. Il est ressorti des urgences.

À la fin de la séance, je lui propose de m’appeler et lui donne rendez-vous. Il n’appellera pas. Je laisse alors un message indiquant que je reste à sa disposition. C’est le lendemain que le patient finit par m’appeler et prendre rendez-vous pour venir à la consultation.

Ainsi, devant l’urgence à dire qui était la sienne, et devant l’absence de lit en psychiatrie, ce patient s’est saisi du téléphone, pour faire porter sa voix, celle de l’urgence, celle de la détresse, celle de l’appel.

Les séances téléphoniques sont un dispositif clinique agissant comme le dernier point d’accroche de l’être. Ces séances ne poursuivent aucunement la viser de maintenir une relation imaginaire vouée à tourner en rond, mais au contraire, de faire qu’advienne une demande et qu’émerge un désir. Il s’agit là d’une stratégie clinique poursuivant la visée que les personnes en souffrance puissent entrer en psychothérapie, puis en psychanalyse et construire une position de Sujet.

Cette stratégie, parce qu’elle ne perd pas son nord, permet de sortir beaucoup d’êtres souffrants de l’embarras. Devant le pas de lit, pas de médecin traitant, pas de psychiatre, pas de quétiapine, il y a une direction, un cap à suivre, qui oriente le pas vers la construction d’un il y a un possible.


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