Vidéo - Ouarda Ferlicot au colloque "Psychanalyse, gynécologie et maternité" à Paris.
Lors de la seconde journée d'étude proposée par l'association Réseau pour la Psychanalyse à l'Hôpital, Ouarda Ferlicot, psychanalyste à Nanterre, a proposé une intervention intitulée L'accès à la féminité un long parcours.
Elle met ainsi en évidence l'importance et la nécessité que le gynécologue travaille en partenariat avec le psychanalyste dans le cadre d'une mise en place de la clinique de partenariat.
Extrait
"Ces dernières années, l’actualité dans le domaine de la gynécologie a mis au jour plusieurs plaintes côté patiente mais aussi côté soignant. Elle rend légitime ce qui nous réunis aujourd’hui, à savoir, la mise en place d’une clinique de partenariat[1] entre le champ médical de la gynécologie et celui de la psychanalyse.
Ainsi, ont été portées à notre attention l’ouverture d’un débat sur les violences obstétriques ; sur l’endométriose donnant lieu à une reconnaissance symbolique de celle-ci comme affection longue durée par l’Assemblée nationale ce 13 janvier permettant la mise en place d’un plan de lutte et de prise en charge ; plus récemment, un article du Monde[2] fait état d’une expérimentation au sein de deux entreprises françaises d’un congé menstruel consistant à offrir un jour de congé rémunéré par l’entreprise pour les femmes présentant des dysménorrhées incompatibles avec le travail.
Il y a ainsi l’intimité gynécologique et sexuelle des femmes, restée jusqu’alors tabou, qui s’expose au public mais aussi aux politiques souvent bien démunis pour comprendre et répondre à ce qui se dévoile de cette intimité. Quant à la médecine, elle ne prend pas suffisamment la vie psychique en compte dans son acte, nous en avons vu les conséquences lors de la crise sanitaire sur la santé mentale.
C’est pourquoi, la psychanalyse a sa place au côté de la médecine. Rappelons que Sigmund Freud était médecin, neurologue, par la suite psychanalyste, et qu’il nous a indiqué comment et de quelle manière le psychanalyste pouvait s’inspirer de la médecine sans jamais quitter le champ opératoire qui est le sien, à savoir, celui du transfert et de l’association libre.
À la fin de son enseignement, Jacques Lacan évoque également le souhait d’« élever la psychanalyse à la dignité de la chirurgie »[3]. Cet acte chirurgical en psychanalyse nous l’appelons castration symbolique.
Nous allons donc tenter d’entendre autrement ce qui cherche à se dire derrière ces plaintes et justifier la nécessité de cette clinique de partenariat pour l’évolution de la prise en charge des maladies gynécologiques, l’amélioration du suivi des femmes en maternité mais surtout l’amélioration de manière globale de notre système de santé."
[1] Terme proposée par Fernando de Amorim qui consiste pour le médecin à orienter vers un clinicien de sa confiance le patient.
[2] Le Monde. Premières expérimentations du congé menstruel en France : un bilan mitigé, le 20 mai 2022 à 16h07, consulté le 24 mai 2022 à 17h23, https://www.lemonde.fr/emploi/article/2022/05/20/premieres-experimentations-du-conge-menstruel-en-france-un-bilan-mitige_6126989_1698637.html.
[3] Lacan, J. (1977-78). Le Séminaire, Livre XXV, Le moment de conclure, Paris, ALI, 2015, inédit, p. 103.