Nos lapsus sont-ils révélateurs ?
Un article du Figaro daté du 20 février 2024 du Dr. Nathalie Zapiro-Manoukian intitulé « Nos lapsus sont-ils vraiment révélateurs ? » situe le lapsus du côté de l’erreur cognitive. Ainsi c’est l’aspect scientifique voire neurologique qui est mis en évidence dans cet article.
Dans cet article, il n’y a pas un mot de la découverte freudienne de l’inconscient et de Psychopathologie de la vie quotidienne (1901), ouvrage dans lequel Sigmund Freud met en évidence les manifestations de l’inconscient et leur signification comme l’oubli du nom propre, la méprise de parole (lapsus linguae), la méprise de lecture et d’écriture (lapsus calami), l’erreur ou l’acte manqué.
En effet, en psychanalyse, le lapsus, est un raté de langage qui déroute celui qui le produit et dont la signification échappe complètement au premier abord. Mais en réalité, le lapsus se révèle comme une manifestation dont la signification peut être interprétée par le psychanalysant, à savoir, celui qui fait une psychanalyse.
Il échappe à la conscience et se glisse dans la parole malgré soi, de manière insaisissable, révélant souvent bien plus que ce que nous souhaiterions dévoiler.
Imaginez-vous en plein milieu d'une conversation animée, les mots jaillissent de votre bouche avec une vivacité presque incontrôlée. Puis, soudain, un petit glissement, une dérobade subtile dans la formulation d'une phrase, et voilà que le lapsus surgit malgré-vous et vient vous trahir.
Le lapsus en psychanalyse : une manifestation de l'inconscient
Si certains considèrent le lapsus comme un simple accident linguistique, une défaillance momentanée de notre système cognitif, et c’est le cas de ceux qui donnent une valeur uniquement cognitive au lapsus, pour d'autres, les psychanalystes et ceux que la subjectivité intéresse, il est bien plus que cela : un fragment de vérité qui perce à travers le voile de nos mots choisis avec soin.
Cela fait du lapsus un moment précieux à saisir dans la cure car il met le psychanalysant sur la voie d’une signification cachée qui demande à être révélée.
Freud a exploré les profondeurs du lapsus, le considérant comme une fenêtre ouverte sur l'inconscient. Selon lui, chaque lapsus révélerait les désirs refoulés, les pulsions cachées qui se frayent un chemin à travers les failles de notre langage. Il revient au psychanalysant d’interpréter ce que cette manifestation de langage révèle.
Cette interprétation permet au psychanalysant d’en savoir plus sur lui-même et le fait avancer. Par exemple, un lapsus peut révéler le deuil d’une personne non effectuée, il peut aussi signaler que la femme est traitée comme la mère mais encore peut aussi trahir une agressivité refoulée envers une personne.
Dans la vie quotidienne, le lapsus peut revêtir de multiples formes, depuis le simple jeu de mots jusqu'à la révélation involontaire d'une pensée intime. Il peut susciter le rire ou l'embarras, mais il laisse rarement indifférent.
En fin de compte, le lapsus demeure un mystère fascinant, une fissure dans la façade de notre expression consciente. Il nous rappelle que, derrière chaque mot prononcé, se cachent des couches profondes de sens et d'émotions, prêtent à jaillir à tout moment, même sous la forme d'une petite erreur en apparence anodine.