Quel partenariat possible entre psychanalyse et médecine ?
En 1978, dans Le Séminaire XXV, Le moment de conclure, J. Lacan s’exprime ainsi : « Élever la psychanalyse à la dignité de la chirurgie par exemple, c’est ce qui serait bien souhaitable ».
Il souligne ainsi son souhait de voir rapprocher la psychanalyse de la précision de la méthode chirurgicale qui ne laisse pas de place pour l’approximation.
Ainsi, s’il vise juste, le psychanalyste peut toucher le cœur du Moi et participer ainsi à son dégonflement par l’opération de castration symbolique. Ses interventions, son silence, les techniques qu’ils utilisent pour conduire la cure, servent cette direction de castrer le Moi de son gonflement imaginaire à l’origine des symptômes. C’est un travail de minutie qui demande du temps et de la patience.
Une psychanalyste remarque que l’œil droit de son patient est plus proéminent. Elle lui demande d’abord s’il avait remarqué cela. Le patient répond par la négative. La psychanalyste l’invite à consulter son ophtalmologiste.
Le patient s’exécute et prend rendez-vous. L’ophtalmologiste confirme l’observation du psychanalyste et invite le patient à d’autres examens complémentaires. Un traitement local est prescrit.
C’est ainsi que procède le travail du psychanalyste avec la médecine. Il use de l’autorité du transfert pour demander à son patient de consulter un médecin car le champ médical n’est plus de son champ opératoire. L’autorité du transfert est cette autorité qu’acquiert le psychanalyste par la confiance que lui accorde son patient.
Le psychanalyste, parce qu’il est clinicien, a une compétence qui relève de l’observation des patients qui lui rendent visite : la façon dont ils sont habillés, leurs odeurs, leur corpulence, leur façon de marcher, sont autant d’éléments cliniques qui permettent de renseigner le clinicien sur le patient qu’il reçoit. Ces éléments peuvent aider et compléter le tableau clinique.
Ainsi, le psychanalyste est ami de la médecine sans pour autant sortir de son champ clinique. Ce qui relève de l’organisme et de la thérapeutique médicale relèvent de la médecine d’où l’indication de la psychanalyste à son patient de consulter un ophtalmologiste.
Psychanalyste et médecin peuvent collaborer ensemble dans le cadre d’une clinique du partenariat.